« Un, deux, trois, quatre … »
Elle soupira en se penchant un peu plus en arrière. Les yeux fixés sur le ciel, elle était assise sur un muret qui encadrait un jardin aménagé.
« Il n'y a pas beaucoup de nuages aujourd'hui. La lumière du Soleil est trop vive. Cela m'ennuie ... »
« Tu sais, c'est tellement plus beau lorsque ce bleu clair est mélangé au blanc cotonneux, au blanc poussiéreux, des nuages. Je n'aime tellement pas cette unicité. N'est-ce pas, après tout, plus amusant de pouvoir admirer ce que le vent s'amuse à dessiner sur ce tableau mouvant ? Des fois, je me dis que j'aimerais bien être là-bas, là haut, près des nuages … Tu penses que c'est là que sont mes parents, maintenant ? »
Son regard qui brillait sous les rayons lumineux du jour s'éteignit alors doucement et elle baissa le visage.
« Non, c'est vrai. Ce n'est qu'un rêve idiot d'enfant ... »
Soudain, une ombre passa sous ses yeux, la faisant sursauter.
« Qu'est ce que ...? »
Elle se redressa en clignant des yeux. Qu'est-ce que cela avait bien pu être ? Elle fronça les sourcils et s'avança. Un animal ? Non. Un fantôme ? L'ombre, elle était là, au bout du chemin, comme attendant. Elly fit un pas de plus et l'ombre se remit à courir. 'Suis la.' Son cœur fit un bond dans sa poitrine. 'Suis la !' Elle fronça les sourcils et, se penchant légèrement en avant, elle se mit à courir. À lui courir après. À poursuivre cette chose dont elle ignorait totalement la nature.
C'est ainsi, haletante, à faire de cette ombre sa proie, qu'elle sortit de la forêt pour finalement arriver au temple.
Ses yeux s'écarquillèrent devant la bâtisse alors qu'elle stoppait, lentement, sa course, obnubilée par ce qui semblait avoir soudainement surgit devant elle, comme une goutte de pluie tombant d'un ciel clair et sans nuage. Quel était cet endroit ? Elle ne l'avait jamais vu et n'en avait jamais entendu parler. À ainsi le regarder, elle devinait que cela devait être ce qu'on appelait un temple. Le long de ses murs, de sa toiture et de ses sculptures, était nettement lisible la trace que laisse le temps lorsqu'il passe ; cependant, il demeurait un charme, une âme en cet endroit, et c'est ce qui l'émouvait. Malgré l'abandon général de l'endroit et le déclin qu'il connaissait, il lui semblait qu'elle pouvait encore entendre le vent chanter au creux de ses carillons. Tout paraissait à la fois mort et plein de vie. Même la nature qui avait repris le dessus à certains coins du temple, au lieu de dégrader son image, lui donnait encore davantage de magnificence.
Un léger courant d'air vint soulever ses cheveux dans une douce et longue vague silencieuse. Sa peau pâle frissonna. Mais elle ne réagit pas davantage. Son regard perdu dans la contemplation, elle n'était plus là – absente ; son âme semblait s'être soudainement envolée, emportée par cette vision extra-sensorielle, absorbée par quelques esprits rôdant par ici. Elle était toujours vivante, bien sûr, mais son corps ne parvenait plus à répondre à quelque stimuli. Ses lèvres rosées se détachèrent avec douceur pour légèrement s'entrouvrir, lui permettant un soupir, une expiration.
C'est à ce moment qu'un bruit résonna dans son dos ; une voix. Quelqu'un l'appelait. Elle tilta et revint à la réalité avant de tourner son visage toujours pâle vers la personne qui venait d'apparaitre. Elle cligna des yeux. Une jeune fille.
« Ah … m'aider ? Non … je … Tout va bien ... »
Elle se sentait mal à l'aise. Elle ne voulait pas que l'on s'inquiète ou que l'on s'intéresse à elle. Elle prit une inspiration et, se mettant face à elle, elle resserra ses bras autour de sa peluche pour finalement ajouter tout en lui adressant un large sourire qu'elle désirait rassurant :
« Bonjour ! »