Kidnappé par un vilain monsieur. {Mon Yuu en sucre :D} //Yaoi//

C’était une superbe journée qui arrivait à son terme. Les températures étaient montées jusqu’à trente-quatre degrés Celsius, le ciel avait était dégagé dès les premières lueurs du matin ; et maintenant que le soir était arrivé, la voûte céleste hésitait à se teinter de violet ou d’orange et les premières étoiles commençaient à scintiller à l’est. Des vapeurs de chaleur s’élevaient du bitume qui avait été frappé par le soleil toute la journée, soulevant de lourdes effluves de goudron. Les rues étaient étrangement animées, un peu comme si les habitants reprenaient vie une fois que la température était redevenue convenable.

Haiko n’aimait pas quand il y avait autant de monde. Tous bougeaient, se bousculaient - cela rendait la surveillance encore plus difficile. Il n’aimait pas non-plus quand le soleil couchant se reflétait dans les vitrines des magasins en une lumière aveuglante qui baissait considérablement son taux de vision.

Assis sur un petite muret, il observait les passants tout en vérifiant qui ils étaient dans ses données. Tous n’étaient que des gens ordinaires et obéissants, et pourtant leurs regards différaient les uns des autres : certains le regardaient avec curiosité et d’autres avec mépris. Mais cela était bien égal pour Haiko. Il faisait son travail et puis c’était tout. Et même si actuellement il était sensé être en heure de repos… mais bon sa bonne volonté payerait un jour, il en était certain !

Soudain son regard se porta sur une tignasse blonde qu’il commençait sérieusement à connaître. Ne prenant aucun risque de malentendu, il attendit que le garçon qui lui tournait le dos se retourne. S’il ne se trompait pas, il avait un gros poisson sous les yeux… et ce même gros poisson qui l’avait sérieusement amoché lors d’une de leurs rencontres.

Enfin il se tourna. Haiko se tendit en voyant le regard mordoré du jeune blond. Yuu Sato, rebelle, spécimen dangereux : A ATTRAPER DE TOUTE URGENCE. Haiko n’attendit pas plus. Bondissant sur ses pieds, il avança à toute vitesse vers l’endroit où se trouvait Yuu.

« Yuu Sato, vous êtes en état d’arrestation ! Si vous vous rendez sans opposer de résistance, aucun acte violant ne vous sera affligé. »

En disant cela, Haiko n’y croyait pas trop. Sans résistance ? Et puis quoi encore, on parlait de Yuu Sato, la mauvaise herbe qui lui avait abîmé le visage il y avait peu ! Le rebelle jeta un regard vers Haiko. Quand il sembla prendre conscience de sa présence, il écarquilla les yeux et fit volte face pour détaler en courant. Haiko réagit en moins d’une fraction de seconde et partit à sa poursuite, reversant des passants sans y prendre garde. Il rattrapait petit à petit le fugitif qui quittait les artères de la ville pour s’enfuir dans des rues plus étroites et vides.

Il l’avait presque rattrapé lorsqu’il sentit une infime pression sur ses chevilles, une force minime de même pas un newton s’exercer sur le bas de ses jambes. Haiko comprit le stratagème avant même que le piège ne se déclenche. Un grand filet tomba sur ses épaules, l’assommant à moitié et le faisant trébucher par terre. Au sol, Haiko garda conscience quelques secondes avant de sombrer dans le silence.

Le première chose qu’il remarqua à son réveil fut qu’il était attaché à une chaise. Avant même d’ouvrir les yeux, il sut qu’il se trouvait dans une pièce intérieure à cause de l’air renfermé et de la basse luminosité. Cependant, son horloge interne lui indiquait qu’une quinzaine de minutes seulement s’était écoulée depuis qu’il avait perdu conscience. Puis son GPS lui indiqua qu’il était dans un immeuble désaffecté dans un quartier délabré de la ville.

Il soupira. Il se trouvait dans un endroit qu’il ne connaissait pas, attaché à une chaise, et en compagnie d’un rebelle qu’il connaissait à connaître un peu trop à son goût… En bref, il était dans le pétrin.

Je ne comptais plus le nombre de jours que j'avais passé loin de lui. C'était beaucoup trop long. Enfin, pour moi bien sûr. Et je lui avais... La dernière fois... Rien que d'y repenser, j'ai envie de m'arracher mon propre visage. J'avais osé abîmer ces si douces joues et si roses! Tant ils l'avaient jeté... Ça ne m'étonnerait pas d'eux. Je ne vois pas comment ils auraient pu réparer ça! Même moi, avec toutes mes études en robotique, je suis sûr de ne pas y arriver! Et... Je ne l'avais pas vu depuis, même en se rendant à tous les points où il surveillait...
Du moins, je pensais qu'il s'en était débarrassé alors que non! Quelle ne fut pas ma joie lorsque je l'aperçus en plein après-midi, avec son air totalement candide et ses beaux yeux bleus. Je n'aimais pas vraiment sortir dehors ces temps-ci mais Yumi devenait de plus en plus collante... J'étais donc sorti prendre l'air vu qu'elle n'arrêtait pas de squatter mon appartement. C'ETAIT LE MIEN OK ? Bon Yuu, calme-toi... Tu n'as pas besoin de t'énerver pour elle. Et puis, pourquoi tu ne la jettes pas espèce de crétin trop gentil ? Enfiiiiiin bref. Pourquoi parler d'elle alors qu'Haiko est le plus beau, le plus gentil, le plus doux etc. ? Haiko est Haiko en résumé, donc c'est normal qu'il soit le meilleur.
Enfin bref, je m'assis dans un coin à l'observer. Dieu merci, ils l'avaient réparé son beau visage. Je ne sais pas combien de temps je me suis caché dans l'ombre à le regarder mais lorsque le soleil commençait à descendre dans le ciel, je décidai de partir, après tout il était grand, il savait se débrouiller tout seul. Je me levai, puis me tournai une dernière fois pour avoir son visage en souvenir et là, le choc. Tandis que je croisais ses merveilleux yeux bleu électrique, il cria dans ma direction :

« Yuu Sato, vous êtes en état d’arrestation ! Si vous vous rendez sans opposer de résistance, aucun acte violant ne vous sera affligé. »

J'aurais adoré continuer à regarder son visage qui se rapprochait tant de moi, mais il allait m'attraper. Je partis en courant le plus rapidement possible. Il ne fallait pas qu'il m'attrape, même si ça ne m'aurait pas déplu (c'est sûr qu'on parle quand même d'Ai-chan). Je m'engouffrai dans les rues les plus étroites mais je me fatiguais de plus en plus. Des inconnus attendait sur les côtés d'une des ruelles, ce que je trouvais plutôt étrange à vrai dire. Tout à coup, j'entendis un gros choc derrière moi. Je me retournai, Haiko était sur le sol alors que les deux inconnus sur les côtés se rapprochaient de lui. Ni une ni deux, je fonçai sur eux en les fracassant avec un vieux tuyau trouvé sur le sol. Comment avaient-ils osé toucher à MON Haiko et pour lui faire du mal en plus!
Après leur avoir donné une bonne rouste, j'enlevai l'épais filet auquel Haiko était entremêlé. Si proche de moi... Je le pris dans mes bras et le serrai très fort, bien qu'il soit inconscient, son corps avait toujours sa parfaite température de 37°C pile. Je le soulevai et le pris comme une princesse, éternellement étonné qu'il soit si léger. Après cinq petites minutes de marche, je vis mon immeuble et entrai rapidement, histoire de ne pas me faire repérer par les autres robots. Une fois arrivé en haut, je fus surpris de ne pas voir l'autre pute, enfin, Yumi je veux dire, tu n'es pas méchant Yuu, hein ? Je pris deux chaises et les mis face à face, puis installai Haiko sur l'une d'entre elle, tout en l'attachant fermement avec une corde, d'ailleurs, je ne sais pas où je l'avais trouvée. Puis je m'assis à l'envers sur l'autre chaise, posant ma tête sur mes bras et continuant d'admirer le beau visage endormi d'Haiko. Au bout de quelques minutes, il commençait à bouger puis ouvrit doucement les yeux. Je me levai brusquement et regardai ailleurs. Sentant la pression d'un regard insistant que me lançai le robot, je m'assis et me remis comme avant. Vraiment, je ne sais même pas pourquoi je m'étais levé. Mais bon, nous étions seuls, tous les deux... ET ATTENDS YUU.
Donc, je ne savais pas vraiment quoi dire et je finis par lui lancer, tout en souriant :

« Alors, tu te souviens de moi ? »

Je n'avais pas vraiment envie d'entendre qu'il se souvenait de la fois où je lui avais fracassé le visage, mais je ne savais pas qu'est-ce que je pouvais dire à part ça. Je continuais de le regarder dans les yeux, il fallait que j'en profite après tout, vu qu'il allait sûrement s'enfuir au bout d'un moment. Un long silence s'ensuivit, bien que je lisais dans ses yeux de la haine envers moi, chose qui me brisait le cœur. Aurais-je pensé un jour qu'il en serait réduit à me détester ? Non. Jamais. Je lui pris soudainement le visage entre les mains, me penchai doucement puis l'embrassai passionnément. Je voulais le faire, ça m'avait tellement manqué durant ces deux et longues dernières années. Sentir la douceur de ses lèvres contre les miennes et passer ma main dans ses cheveux. Je m'enlevai ensuite tout en bafouillant :

« Tu... Tu vas parler oui ou non ?! »

Son kidnappeur, alias Yuu Sato, était assis sur une chaise dans le sens inverse, appuyé sur son dossier. Si Haiko avait été quelqu’un de normal avec des sentiments et des préoccupations autres que : « TRAVAIL TRAVAIL TRAVAIL TRAVAIL TRAVAIL … », peut-être qu’il aurait eu un maigre sourire et qu’il aurait remarqué que Yuu avait adopté la posture classique du petit malfrat dans les films hollywoodiens. À la place, il se dit qu’il avait l’air idiot en se mettant dans cette position inconfortable juste pour ce donner du style.

Haiko le dévisagea longtemps, attendant que Yuu lui dise quelque chose. Sûrement des informations sur les forces de l’ordre, les robots ou peut-être même quelques discussions à propos d’une demande de rançon.

« Alors, tu te souviens de moi ? »

Ah. Il s’était trompé, mais la question n’était pas surprenante pour autant. Il tentait sûrement une prise de force, de rappeler à Haiko de quoi il était capable en cachant derrière cette question un message subliminal signifiant plus ou moins : « Je t’ai déjà latté la tronche, alors ne tente rien d’idiot. » Frustré, Haiko jeta un regard haineux au blond, lui faisant clairement comprendre qu’il se rappelait parfaitement de la violence de la base de base-ball en aluminium qui avait fait voler en éclat une bonne partie de son visage. Oui, Haiko n’avait pas oublié la douleur atroce qu’il avait ressentie, le désarroi lorsqu’il avait vu son reflet et la peur d’être jeté lorsqu’on l’avait emmené chez les scientifiques. C’était sûrement le seul moment de sa vie où il avait ressenti quelque chose.

Quand Haiko sentit les mains chaudes de Yuu se poser sur ses joues, il crut un instant qu’il allait tenter de lui briser la nuque. Après tout, pourquoi pas ? Ça lui semblait même plus probable que ce qu’il fit en réalité. En voyant Yuu se pencher vers lui, Haiko se dit qu’il y avait un problème. Il n’allait quand même pas essayer de lui arracher le nez avec les dents ? Mais quand il sentit les lèvres de Yuu se poser sur les siennes, il se figea de stupeur. C’était doux, c’était sensuel, un peu mouillé et légèrement brutal car il ne répondait pas. Perdu, Haiko frissonna en sentant la main de Yuu se glisser dans ses cheveux avant qu’il ne s’écarte de lui. Frisson de dégoût ou de bien-être, il ne voulait pas le savoir…

« Tu... Tu vas parler oui ou non ?! »

Haiko reprit brusquement contenance, réalisant pleinement ce qui venait de se passer. Il eut le réflexe de vouloir porter le dos de sa main à ses lèvres pour s’essuyer mais ses liens l’en empêchèrent. À la place, il tenta de s’essuyer contre ses épaules en tourna la tête mais il ne réussit qu’à frotter à peine les coins de sa bouche.

Il regarda d’un regard colérique et un peu paniqué son ‘agresseur’ et s’exclama :

« Mais à quoi tu joues, Sato ! Après m’avoir éclaté la tête à coups de batte tu es devenu un vicieux et tu veux me faire des attouchements ? »

Il tira violemment sur ses liens, grognant de douleur lorsque les cordes rugueuses s’enfoncèrent un peu plus dans sa peau. Il soupira de dépit et de frustration.

« Ben vas-y, je t’attends. De toute façon tu n’auras rien de moi, sois en certain. »

Il avait essuyé mon baiser. GENRE CA LUI PLAISAIT PAS QUOI. Comment ça je suis pas modeste quand à mes capacités à draguer ? MAIS ON PARLE DE HAIKO QUAND MEME !

« Mais à quoi tu joues, Sato ! Après m’avoir éclaté la tête à coups de batte tu es devenu un vicieux et tu veux me faire des attouchements ? »

« J'ai toujours été un vicieux et j'ai toujours voulu te faire des attouchements. » Voilà ce que je lui aurais répondu si c'était mon vrai Haiko. Mais ce n'était pas mon vrai Haiko, c'était un simple robot avec le corps d'Haiko et quelques traces de son ancienne mémoire sur un logiciel totalement perdu. En fait si, c'était Haiko, mais pas vraiment comme je l'avais quitté. Après tout, j'avais bien réussi à le faire tomber amoureux de moi une première fois, pourquoi pas une seconde ? Mais... Attends. Il n'avait pas parlé de lui avoir éclaté la tête à coups de batte... Il m'en voulait autant que ça ? Mais est-ce qu'il m'en voulait autant que je m'en veux ? Parce que moi... Je m'en voulais terriblement. Jamais je n'aurais pensé qu'un jour je lui ferais du mal...

« Ben vas-y, je t’attends. De toute façon tu n’auras rien de moi, sois en certain. »

Comme si je voulais des informations à propos du gouvernement... Enfin oui, j'en voulais, je voulais savoir si beaucoup d'autres étaient enfermés... Mais si je l'avais amené ici, c'était avant tout pour le revoir, ré-entendre le son de sa voix, pouvoir noyer à nouveau mes yeux dans les siens... Enfin bref.
Je me levai brusquement et je balançai la chaise sur le côté, toujours en train de cogiter à propos de ce qu'il avait dit avant. JE NE VOULAIS PAS LUI FAIRE DE MAL. Je ne savais pas quoi faire. Trop de réponses différentes se présentaient à moi.. Je rapprochai mon visage du sien, tout en le prenant par le col et en lui lançant :

« Tu penses vraiment que je l'ai fait exprès ? Que ça me fait plaisir de te voir souffrir ? Je ne veux pas te faire de mal ou voir que les autres te font du mal. Tu ne sais pas à quel point j'ai eu du remord de t'avoir enlevé la moitié de ton beau visage ? Non. Sûrement pas. »

C-Co... Comment est-ce que j'avais pu lui parler en employant un ton si agressif ? Ce n'était peut-être pas le gentil et innocent Haiko que je connaissais... Mais il n'en demeurait pas moins Haiko. Je m'éloignai d'Haiko en me grattant la nuque puis je détournai le regard :

« Je me suis emporté. Désolé. »

Je commençai à marcher nerveusement en faisant de grands cercles autour d'Haiko. Il fallait que je trouve un sujet de conversation. Bon.
C'est dans ces moments-là qu'on a vraiment rien à dire et qu'on aimerait avoir une pute du genre de Yumi pour alimenter la conversation. Mais qu'est-ce que je faisais exactement ? Pourquoi j'avais attaché mon pauvre Haiko ? Ah oui, il se serait enfui si je ne l'avais pas fait. Mais de toute façon, ce n'est pas comme si il m'aimait toujours. Je peux me permettre d'utiliser des méthodes brutales pour arriver à mes fins.
Je m'approchais de la porte puis la fermai brutalement. Je pris soin de la fermer à clé et de mettre cette dernière dans la poche intérieure de ma veste. IL DEVRA ME TRIPOTER POUR L'AVOIR CETTE CLE. Il n'y avait pas de fenêtre dans cette pièce, vraiment j'avais eu une bonne idée de le mettre dans celle-là. Enfin bref. J'allai ensuite lui détacher les poignets, vu que ça semblait le gêner pour bouger puis lui dit :

« Si tu veux la clé, il faut me donner des informations sur les avis de recherche de la police. Est-ce que je suis recherché comme 'échappé' ou juste 'rebelle' ? »

Puis je me rassis sur la chaise qui était posée en face de lui, mais normalement cette fois-ci. Je croisai les bras et me mit à attendre : soit il m'égorge, soit il coopère.

« Tu penses vraiment que je l'ai fait exprès ? Que ça me fait plaisir de te voir souffrir ? Je ne veux pas te faire de mal ou voir que les autres te font du mal. Tu ne sais pas à quel point j'ai eu du remord de t'avoir enlevé la moitié de ton beau visage ? Non. Sûrement pas. »

Haiko ne comprenait pas. Ils étaient ennemis, Haiko traquait Yuu et Yuu entravait le travail d’Haiko. N’était-il pas normal qu’ils aient envie de se voir souffrir l’un et l’autre ? Il ne voyait vraiment pas pourquoi le rebelle disait toutes ces choses comme quoi il n’avait jamais voulu lui faire du mal… et encore moins la partie concernant son ‘beau visage’. Troublé, Haiko se dit qu’un robot ne pouvait pas être beau, ne pouvait attirer un humain pour la simple et bonne raison que justement, il est un robot !

Le silence qui suivit était perturbant. Malgré sa position d’otage, Haiko avait l’impression que tout ce que disait le blond était vrai, qu’il ne courait aucun danger. Et pourtant il aurait du s’inquiéter… ! Suivant les allées et venues de Yuu d’un œil vif et méfiant, l’androïde essayait de démêler ce petit mystère sans y parvenir. Lorsque Yuu brisa le cercle d’action qui s’était installé en allant fermer à clef la seule issue possible, Haiko se tendit imperceptiblement. Cette action annonçait-elle une suite désagréable, douloureuse, dangereuse ?

Yuu détacha les liens dans le dos du petit robot, et ce denier grogna de douleur en sentant le sang artificiel recouler dans ses vaisseaux sanguins. La proximité du blond à ce moment là déstabilisa un peu Haiko après le… baiser qu’il lui avait donné – et pas échangé, non non non non non !

« Si tu veux la clé, il faut me donner des informations sur les avis de recherche de la police. Est-ce que je suis recherché comme 'échappé' ou juste 'rebelle' ? »

Haiko se frotta les poignets, observant la pièce où il était dans tous les détails. Il n’y avait qu’une seule issue : la porte que Yuu venait de fermer et dont la clef se trouver dans la poche intérieure de sa veste. Est-ce que Haiko pouvait tenter quelque chose ou… ? Non, il ne valait mieux pas. Il n’était pas en position de force. Plongeant dans le réseau des services des forces de l’ordre, il rechercha l’avis de recherche concernant le blond. La photo qui accompagnait le dossier représenter ce même jeune homme, le visage blessé, l’air triste et fatigué. Haiko n’y fit pas attention.

« En tant qu’échappé. » balança durement l’androïde comme s’il essayait de dire à travers cette simple phrase ‘tant pis pour toi mon gars’. Et pourtant il avait du mal à éprouver une haine réelle contre ce rebelle qui l’avait blessé par le passé. Un peu comme si inconsciemment, il lui était impossible de ressentir de tels sentiments à son égard. Il releva la tête vers Yuu, le fixant d’un regard brillant. Pourquoi n’arrivait-il pas à le détester ?

« Pourquoi est-ce que tu fais parti des rebelles ? » demanda-t-il brusquement sans savoir pourquoi. Cette question était sortie toute seule, sans raison apparente. Au fond, il avait l’impression que le ton de sa voix sonnait comme une accusation cachée : ‘Pourquoi tu n’as pas rejoint les forces de l’ordre, on aurait pu être collègues, amis ?’

Le robot sembla réfléchir quelques instants avant de me lancer froidement.

« En tant qu’échappé. »

Pourquoi me parlait-il comme ça ? Il m'en voulait autant de lui avoir.. Enfin bref, ce n'est pas le sujet principal! Ils me recherchaient donc comme évadé de prison. Comme si je m'étais évadé de mon plein gré! En fait, oui, mais bon. C'est Tana' qui a fait le plus gros massacre... Même si j'ai.. Mais qu'est-ce que je fais! Je suis devant Haiko et tout ce que je fais c'est repenser à ça! C'est absolument absurde, la chose que je devrais présentement faire c'est faire un câlin à Ai et le garder comme ça jusqu'à la fin des temps, en évitant de me faire latter la tronche quand même.

« Pourquoi est-ce que tu fais parti des rebelles ? »

Parce que les Forces de l'Ordre m'ont torturé alors que j'avais beau leur répéter que je n'étais qu'un humain, qu'ils ne m'écoutaient pas le moins du monde et essayaient de trouver l'anormalité chez moi. C'était tout simplement impossible! Je ne suis qu'un simple humain, un peu fou cependant, qui a préféré suivre le robot qu'il aimait sur une île complètement paumée et où il ne connaissait personne à part cette personne qu'il aimait. Mais sinon, j'étais normal! Totalement normal, pas la peine de m'ouvrir le torse pour voir s'il y avait un organe en plus ou en moins! Il vaudrait mieux que j'arrête de penser à ça, c'est une partie de ma vie que j'aimerais plutôt oublier car elle n'a pas été de tout repos, malheureusement.
Bref, pourquoi ai-je rejoint les rebelles ? Tout simplement parce que je n'approuvais pas les méthodes de ces personnes qui se pensent supérieures aux créatures magiques alors que je dirais que c'est plutôt l'inverse... En parlant d'inverse, la réponse aux questions auxquelles on ne veut pas répondre est tout simplement de retourner la question à celui qui nous l'a posé. Après tout, si je demande à Haiko pourquoi il a rejoint les Forces de l'Ordre, il ne saura pas me répondre. Tout simplement parce qu'il ne les a pas rejoints de son plein gré. On a forcé mon Haiko à les rejoindre. On a lavé le cerveau de mon Haiko. Et on doit payer pour avoir fait ça! Je voulais rester avec Haiko jusqu'à ma mort et vivre tranquillement au moins!

« Et toi, pourquoi as-tu rejoint les Forces de l'Ordre ? »

Je fis une pause, il fallait que je sorte le grand jeu pour la suite. Il le fallait vraiment sinon Haiko allait s'en aller encore une fois!

« Tu n'en connais toi-même pas la réponse, alors que moi oui. Pourquoi tu ne rejoindrais pas les Rebels, même temporairement ? Si tu les rejoins, il y a une chance que je te le dise. »

Je m'approchai de lui puis passait ma main dans ses cheveux qui étaient si doux et avec cette longueur constante et cette coupe parfaite. D'ailleurs, je n'ai jamais vraiment su la véritable matière de ces cheveux et je penche toujours pour les vrais cheveux humains. Enfin bref, le sujet n'était pas là.
Cela faisait plutôt longtemps que je n'avais pas été si proche de lui, enfin, debout tous les deux. Il me semblait qu'il avait grandi, encore heureux vu que moi aussi... Je ne voulais pas avoir l'impression de me jeter sur un adolescent de 16 ans. J'avais bientôt 20 ans après tout... Cela voudrait dire que...
Enfin bref... Je continuais de regarder Haiko, chose qui m'avait manqué pendant trois longues années tout en me demandant si tout cela n'était qu'un rêve, peut-être allais-je me réveiller sur le sol de cette cellule froide que je redoutais tant de revoir. C'était impossible, j'avais eu très mal pendant certains combats entre rebelles et policiers. Et aussi quand je me suis échappé avec Tana'. Je ne sais pas qui de nous deux était le plus amoché lorsqu'on avait enfin réussi à passer le hall de la prison et enfin voir la lumière du jour à travers l'épaisse couche d'arbres. Après cela, nous avions du courir jusqu'à en perdre nos jambes... C'est un exploit que l'on ai pu sortir de là.
Ma main était toujours sur la joue d'Haiko alors que j'étais totalement perdu dans mes souvenirs. Et si Haiko voyait ce qu'ils m'ont fait ? Ce n'est pas comme si je n'avais pas assez de preuves sur mon corps même. Peut-être qu'il rejoindrait les rebelles et éprouverait une haine sans précédent pour... Quoi que non, il ne me connaissait pas vraiment le nouveau Haiko... Donc ça ne lui ferait ni chaud ni froid. J'enlevai ma main de son visage et détournai le regard d'un air pensif tout en lui disant :

« Et puis, on pourrait apprendre à se connaître... Non ? »

Haiko se renfrogna considérablement. Il détestait qu’on réponde à ses questions par d’autres réponses. Généralement c’était pour lui clouer le bec et rien que pour ça, il haïssait ces manières ! Yuu lui avait retourné sa question et c’était stupide parce que la réponse était évidente. Il avait été conçu pour ça : faire parti de forces de l’ordre ! S’il n’en faisait pas parti, il n’existerait tout simplement pas. Son existence entière se résumais à cela : pourchasser et arrêter les rebelles et maintenir la sécurité.

« Tu n'en connais toi-même pas la réponse, alors que moi oui. Pourquoi tu ne rejoindrais pas les Rebels, même temporairement ? Si tu les rejoins, il y a une chance que je te le dise. »

Ridicule. Cette proposition était tout bonnement ridicule. Rejoindre les rebelles ? Et puis quoi encore ! Trahir ceux en lesquels il a toujours cru (poile au cul) et rejoindre leurs opposants (poile aux dents) ? Plutôt mourir, être désactivé, recyclé et ré-utiliser pour des boites de sardines au citron (et pas à l’huile de tournesol, c’est moins bon et il faut pas pousser mémé dans les orties).

Lorsque Yuu passa sa main dans ses cheveux, Haiko amorça un geste de recule mais s’arrêta dans son élan. Pourquoi tant de tendresse pour un homme sensé être un ennemi juré ? Déstabilisé et incompréhensif, il tendit inconsciemment la joue pour accentuer la caresse. Yuu semblait plongé dans ses pensées et Haiko se demanda à quoi il pouvait penser. À ce moment là il se rendit compte qu’il ne connaissait rien du blond, mis à part les grandes lignes officielles qu’il trouvait dans les dossiers de recherches. Si ça se trouvait, c’était quelqu’un d’on ne peut plus normal autrefois. Haiko n’aimait pas cette impression de manquer une information importante. Il avait envie de savoir pourquoi Yuu s’était engagé chez les rebelles, il en avait BESOIN.

Une ombre de mélancolie sembla traverser les prunelles mordorées du rebelle. Encore une chose que Haiko ne comprenait pas. Il se détourna de lui et le jeune androïde eut même la pensée fugitive qu’il regrettait le contact qui s’était installé entre eux juste avant.

« Et puis, on pourrait apprendre à se connaître... Non ? »

Il resta sceptique. Se connaître ? Pour quoi faire, en faisant cela Yuu s’handicapait plus qu’autre chose. Donner des informations personnelles à un membre des forces de l’ordre en étant un rebelle, c’était s’envoyer soi-même au casse-pipe. Et s’il y avait un piège ? Pourtant Haiko sentit une petite flamme de curiosité s’allumer dans sa poitrine. Il avait envie de connaître ce Yuu sur le bout des doigts. Pourquoi ? Pour une question de profit vis-à-vis de son travail ? Il ne savait pas trop mais il était conscient que cela était totalement personnel. Mais c’était impossible, il était un robot et un robot n’avait jamais de sentiment et d’intérêt autre que professionnel ! Il se sentait partager en deux : résister à la tentation et être un modèle dans sa tâche ou y céder et obtenir satisfaction à sa soif de curiosité.

Et comme Proust l’a si bien dit (en plus il aimait bien les madeleines et moi aussi j’aime les madeleines, yeay) : le meilleur moyen de résister à une tentation c’est d’y céder.

« Pourquoi pas ? Moi… M-moi… j-je… »

D’où lui venait cette manie de bagayer. Haiko, reprend toi bon sang, un peu de sang froid !

« J’aimerais bien en savoir plus sur qui tu es et ce que tu aimes. »

Il tripota nerveusement ses mains, peu habitué à ressentir un mélange d’émotion aussi évasif.

« Mais je n’ai rien à dire sur moi, je ne suis qu’un robot et un robot n’a ni sentiment, ni goût, ni préférence et inclinaison particulière. »

Haiko était si beau. Haiko est toujours beau mais là, je ne savais pas si c'était le désir ardent que j'avais de lui ou si c'était la si longue période sans avoir pu lui parler normalement qui m'attirait indéniablement vers lui. Je voulais le serrer dans mes bras, sentir son torse chaud contre le mien, passer ma main dans ses cheveux, entrelacer nos lèvres... Mais quelque chose me retenait. J'avais peur de le perdre, qu'il s'enfuit au moindre geste qui lui déplairait, le voir disparaître, me réveiller d'un rêve. Tout ça me retenait. Ce n'était pas normal pour mon pauvre esprit. Il ne pouvait pas être là d'après mon esprit qui s'était presque habitué à son absence. Et pourtant, il était là. Bon, je l'avais kidnappé pour qu'il soit là. Mais il y était! C'était l'essentiel.
Des effluves de son délicieux parfum artificiel remontaient délicatement jusqu'à moi. Comment était-il possible que je reste loin de lui avec cette délicieuse tentation qui parvenait à moi ? Je ne savais pas, c'était presque en exploit en soi-même que j'ai pu réussir à tenir jusque là et je sentais que j'allais bientôt craquer. Après quelques minutes d'hésitation, il bégaya :

« Pourquoi pas ? Moi… M-moi… j-je… »

Il était trop mignon. Sa voix était déjà adorable, mais mélangé à son bégaiement et ses rougissements, je me fis grande violence à rester debout sans rien faire. Je détournai le regard, il ne fallait pas que je croise ne serait-ce qu'une partie infime des cheveux, sinon j'allais vraiment craquer et me jeter sur lui comme une bête sauvage.

« J’aimerais bien en savoir plus sur qui tu es et ce que tu aimes. »

Je fus presque surpris de l'entendre parler. Après tout, je ne le regardai pas donc je ne pouvais pas savoir quand il allait parler. Et... Sur ce que j'aime ? Mais il est la principale chose que j'aime, la chose que j'ai toujours aimée et que j'aimerai toujours jusqu'au dernier jour de ma pauvre vie sans utilité. Je me donna le droit de lancer un coup d'oeil vers le visage du robot qui s'apprêtait à parler :

« Mais je n’ai rien à dire sur moi, je ne suis qu’un robot et un robot n’a ni sentiment, ni goût, ni préférence et inclinaison particulière. »

Je connaissais bien des choses sur lui. Mais il ne fallait pas vraiment que je lui en parle. Pas avant qu'il ait retrouvé son ancienne carte mémoire. D'ailleurs, j'avais lu quelque part dans les manuels que mon père avait de lui qu'il avait plusieurs mémoires qu'on ne pouvait pas effacer. Un peu comme celles du cerveau humain. Mais je ne pensais pas vraiment que c'était vrai. Il n'avait vraiment pas l'air de se souvenir de moi. J'avais du totalement être effacé de sa mémoire, à mon plus grand désespoir. Je me retournai pour parler à Ai poliment. Il me regardait fixement. Je croisai son regard bleu électrique et m'y noyai dedans. J'avais perdu contre mon désir. Je m'approchai d'Haiko tout en gardant mes yeux dans les siens. Comment avais-je pu oublier ce sentiment de passion pendant un instant ? Yuu, calme-toi un peu. Bientôt, tu pourras lui refaire ce que tu veux et en plus, il t'aimera. Merveilleux.
Mais c'était trop tard, j'étais déjà en train de l'embrasser. De toute façon, c'est ce qui me plaisait le plus. Après avoir rompu le baiser, je passai mon pouce sur ses lèvres. Les lèvres d'Haiko étaient les choses les plus douces au monde. Ne fallait-il pas que je réponde à sa question maintenant ? Ma réponse était pourtant assez claire, mais je ne pensais pas vraiment qu'il comprendrait. Je soupirai puis allai m'affaler sur un fauteuil pas loin d'Haiko. La vie était trop dure mon pauvre Yuu. Je mis mon visage dans mes mains, la douleur de mon torse se faisait ressentir. Non pas la douleur d'éprouver un amour à sens unique, la vraie douleur, celle de ses cicatrices ardentes sur ma poitrine. J'étais tout d'un coup fatigué, comme à chaque fois que cette douleur arrivait. Elle m'aspirait toute mon énergie, comme une sangsue. C'était affreux. Je répondis d'une voix fatiguée à Haiko :

« Je n'aime pas grand chose dans la vie. »

Alors que j'étais une pile électrique il y a quelques minutes auparavant, j'étais désormais aussi las qu'une masse informe de gelée.

Comme pour essayer de démentir les paroles d’Haiko, Yuu plaqua encore une fois ses lèvres sur celles de l’androïde. Surpris et choqué, Haiko se figea soudainement et plaqua ses mains sur le torse du blond pour le repousser. Mais ce dernier se retira vite et Haiko n’eut pas à user de la force pour le faire reculer. Cependant, bien que le baiser fut bref il n’en était pas moins émoustillé. Il n’avait pas l’habitude qu’on lui porte autant d’affection, surtout de la part d’un ennemi. C’était peut-être à cause de cette nouveauté qu’il se sentait si… intéressé ? béat ? enivré ? Il ne savait pas trop décrire ce qu’il avait l’impression de ressentir, mais c’était agréable. Immobile, il regarda Yuu s’installer dans un vieux canapé, l’air soudain fatigué.
Haiko se remit en route, reprenant ses esprits. Il fallait qu’il sorte, qu’il note l’emplacement de cet immeuble et qu’il communique cette information à ses supérieurs. En donnant l’adresse d’un repère d’un rebelle échappé, il était certain de consolider sa réputation au sein des forces de l’ordre. Au final, ce kidnapping lui était bénéfique. La voix de Yuu brisa le silence.

« Je n'aime pas grand chose dans la vie. »

Haiko tourna ses yeux électriques vers lui. Oui, Yuu était un problème, un obstacle à franchir pour atteindre la liberté derrière ces murs. Il fallait qu’il s’en débarrasse, mais Haiko n’avait pas envie de lui faire du mal ou de le capturer maintenant. Mais c’était lui qui avait la clef de l’unique sortie, et il n’arriverait jamais à la lui prendre sans avoir recours à la violence…. Haiko se creusa les méninges. D’un ton innocent, un peu comme un enfant, il s’étonna :

« Ah bon ? Pourtant j’étais certain que tous les humains aiment bien les fraises avec de la mayonnaise. Tu n’aimes pas ça, toi ? »

Il fit une moue interrogative, s’approchant de lui à petits pas. Il se mit précautionneusement à genoux sur le canapé, continuant de le regarder d’un air mi-naïf mi-intéressé.

« Il paraît aussi que les humains aiment beaucoup quand on les aime et quand on le leur montre… »

Ses paupières frissonnèrent en se refermant, Haiko approcha rapidement son visage du blond et il calqua ses lèvres sur les siennes. C’était beaucoup mieux que ceux d’avant où Haiko ne faisait rien, leurs lèvres bougeaient à l’unisson et le baiser s’approfondissait allant jusqu’à mêler leurs langues. Haiko sentait le souffle brûlant de Yuu lui chatouiller la joue et il appuya ses mains sur son torse, caressant fébrilement les formes de ses pectoraux en dessous du tissu. Il les fit glisser avec douceur et langueur jusqu’à arriver à ce petit renflement dans le tissu, dur et métallique. Il n’hésita pas une seconde. Il plongea la main dans la poche intérieure de Yuu et en retira la clef qui y était cachée. Il se recula d’un bond et fila à l’autre bout de la pièce.

« Ne bouge pas ! menaça-t-il. Si tu fais le moindre geste, je n’hésiterai pas à te faire du mal. »

Son regard était dur et déterminé, ce qui sonnait étrangement avec ses joues et ses lèvres rougies à cause du baiser qu’ils avaient échangé. Il enfonça la clef dans le verrou sans quitter le blond des yeux et il ouvrit la porte. Il y était presque. Le mieux serait que Yuu ne tente rien, comme ça il pourrait s’enfuir en paix sans avoir à se battre.

J'étais totalement vidé de mon énergie, je n'avais plus envie de bouger. Rester allongé sur ce fauteuil en continuant de contempler le visage d'Haiko, ses joues roses, ses grands yeux bleus qui me fuyaient. C'était la seule chose que j'étais capable de faire. J'avais l'impression qu'un monstre voulait sortir de mes entrailles en arrachant tout ce qui pouvait lui bloquer le passage. Cette douleur était horrible. Il faut avouer qu'elle a parfois été beaucoup plus tiraillante mais quand même. Elle ne pouvait pas surgir à un moment où j'étais seul ? Pas avec Haiko en tout cas! Il fallait que je profite de chaque moment qui m'étaient offerts avec Haiko et cette douleur de mes deux revient en force... Il me semblait que ma vision se troublait, comme d'habitude. Je perdais peu à peu l'image nette du doux visage d'Ai-chan. Sa douce voix me sortit de cette effarante torpeur :

« Ah bon ? Pourtant j’étais certain que tous les humains aiment bien les fraises avec de la mayonnaise. Tu n’aimes pas ça, toi ? »

Mais... De quoi parlait-il ? Où avait-il bien pu entendre ça ? C'était totalement absurde, mais comment l'avait-il reprogrammé ? Ou alors, il sortait ça totalement au hasard. J'entendais le son de ses pas sur la plancher, je n'avais remarqué qu'il grinçait comme ça avant d'ailleurs. Se rapprochait-il de moi ? Je ne voyais rien. Un voile blanc s'était glissé devant mes yeux, j'avais beau essayer de regarder dans tous les sens, je ne voyais absolument rien. Et s'il allait me tuer. C'était possible après tout. Après tout, ce n'était plus mon Haiko. C'était Haiko Kurotani, créé par les laborat... Je sentais quelque chose monter sur le fauteuil où je me trouvais. Serait-ce Haiko ?

« Il paraît aussi que les humains aiment beaucoup quand on les aime et quand on le leur montre… »

Oui, j'aime beaucoup quand tu me montres ton amour pour moi. Des lèvres se posèrent sur les miennes. Haiko ? Je reconnaissais cette douceur que seules ses lèvres pouvaient égaler. Je fermai les yeux. Lorsque nos langues s'entremêlèrent, la douleur de mes cicatrices disparut. Enfin, je ne savais pas vraiment si ce n'est pas plutôt qu'elle était devenue tellement importante que je ne sentais plus rien, tellement j'étais ensuqué. Je sentis les mains d'Haiko glisser le long de mon torse, que se passait-il tout d'un coup ? Une illumination ? Sûrement pas. Je m'en rendis très bien compte lorsqu'il glissa sa main sous ma veste et me pris la clé directement dans la poche. Il rompit le baiser, encore heureux sinon j'allais m'étouffer avec le peu de souffle qu'il me restait. Il se releva brusquement, comme si je m'étais soudainement enflammé. Littéralement (vu que je l'étais au sens figuré). Au moins, mon plan pour avoir Haiko près de moi avait marché, c'était l'essentiel. Lorsque je rouvris les yeux, il était déjà à l'autre bout de la pièce. J'avais retrouvé la vue, c'était déjà ça. Ses joues étaient encore plus roses que d'habitude. Etrange ? Absolument pas.

« Ne bouge pas ! Si tu fais le moindre geste, je n’hésiterai pas à te faire du mal. »

Il fallait que je trouve un plan au plus vite. Il ne devait pas partir, je voulais le garder avec moi le plus longtemps possible. Peinant à me relever, je prenais appui sur tout ce qui était stable pour marcher jusqu'à Haiko. Je savais qu'il ne me ferait pas de mal. Mon père l'a peut-être programmé pour espionner, manipuler ou même intimider... Mais sûrement pas pour tuer le fils de son créateur... Mais, attendez, j'étais le fils de mon père! Je n'avais qu'à faire un demi mensonge. Un mensonge pas trop gros. Quoi que non, il ne valait mieux pas mentir à Haiko. Lorsque j'arrivai devant Haiko, je m'affalai sur lui, pour qu'il me soutienne. La douleur revenait de plus en plus violemment. J'en profitais pour le câliner. J'étais sûr qu'il allait me dénoncer dès qu'il serait arrivé aux quartiers généraux. Il fallait que je trouve quelque chose et vite. Je lui murmurai quelque chose à l'oreille :

« Je sais ce que tu cherches à savoir. Si tu avais des amis avant ? Qui ils étaient ? S'ils sont encore vivants... »

Haiko était avant tout un robot basé sur la curiosité et l'apprentissage. Techniquement, il ne pouvait pas refuser mon offre, techniquement. Je poussai Haiko en arrière pour qu'il soit bloqué contre la porte d'entrée. Je poussai avec tout le poids de mon corps et j'arrivai enfin à mon objectif. Je glissai ma main sur la poignée de la porte principale de mon vulgaire taudis. Je me tins un peu plus droit pour le dominer en taille, ce qui n'était pas très dur vu que, contrairement à moi, il n'avait pas tant grandi que ça depuis de la dernière fois. Cela devait me donner un avantage d'une petite dizaine de centimètres. En fait. Ma douleur était présente mais être collé contre Haiko était le meilleur des remèdes contre ce que j'avais. Je collai mon front contre la porte, ma tête appuyée sur celle d'Haiko. J'étais complètement vidé de mon énergie et Haiko me servait de pilier. Je resserrai l'étreinte de mon bras entourant Haiko :

« Alors... Ta... Réponse.. ? »

Haiko pouvait me pousser sans problème tellement j'étais flasque. Seulement, il n'avait pas l'impression de vouloir le faire. Je l'espérais en tout cas qu'il ne le ferrait pas.

Yuu s’avança vers Haiko malgré ses menaces. La tension que ressentait ce dernier était insupportable, il avait envie de tenir le blond à distance mais il n’avait pas le cœur à lui faire du mal. Et de toute manière, il n’avait pas d’arme à portée de main – bien qu’il soit capable de se battre à mains nues si c’était nécessaire. Yuu était planté devant lui et il n’avait toujours pas réagi. Le rebelle s’affala contre lui et Haiko fut contrait de le soutenir en passant ses bras autour de lui. Il ne savait pas quoi faire, comment réagir, lui qui pensait pouvoir s’enfuir une minute plus tôt. Il sentait Yuu le serrait contre lui et ce contact le gênait, surtout lorsque le blond murmura à son oreille : « Je sais ce que tu cherches à savoir. Si tu avais des amis avant ? Qui ils étaient ? S'ils sont encore vivants... »
Le cœur d’Haiko, bien qu’artificiel, rata un battement avant d’enchaîner sur un rythme endiablé. Qu’est-ce que Yuu venait de dire ? Comment savait-il cela alors que le robot lui-même n’acceptait qu’avec difficulté ses envies secrètes ? Il leva ses yeux bleus dans un regard paniqué et avide vers Yuu tandis que celui-ci le poussait contre la porte. Le dos du robot la cogna sans douceur, lui arrachant une légère grimace, mais le bras du blond enroulé autour de lui procurait une chaleur paisible qui le rendait plus léger.
« Alors... Ta... Réponse.. ? »
Haiko brûlait d’une curiosité qu’il n’avait jamais ressenti auparavant, mais il était effrayait par tous ces sentiments qu’il n’aurait pas du ressentir. Il sentait que Yuu se reposait totalement sur lui et il se demanda pourquoi il lui faisait autant confiance.
Alors lui vint une idée. Saugrenue, peut-être, mais qui reflétait un pale espoir pour Haiko.

« Comment sais-tu que je cherche tout ça ? Est-ce qu’on s’est connu, avant ? » Et plus le robot y songeait, plus cette alternative lui semblait plausible. Prit d’un subit élan, il poussa Yuu jusqu’au canapé et le fit s’assoire.
« Raconte-moi, dis-moi tout, je t’en prie ! » Une ombre de désespoir assombrissait son regard.
« Comment j’étais, suis-je différant maintenant ? »

« Comment sais-tu que je cherche tout ça ? Est-ce qu’on s’est connu, avant ? »

Oui, on s'est connu avant. Mieux que tu pourrais le penser. Et je sais que c'est normal pour toi de vouloir trouver des réponses à tes questions. Haiko me poussa jusqu'au canapé où j'atterris plutôt lourdement, à mon grand désespoir. Je ne pus retenir un gémissement de douleur. J'avais tellement mal... Les yeux bleu électrique brillaient comme deux petites flammes, il était vraiment curieux, ça devait être une des choses que je préférais chez lui. Il faut dire que ça le rendait tellement plus mignon. Et c'était ce que j'aimais chez lui. En fait, j'aimais tout chez Haiko. Il enchaina, presque en m'agressant :

« Raconte-moi, dis-moi tout, je t’en prie ! »

Je le comprenais. Quand je vois l'état de Tana' qui a perdu sa mémoire suite à une opération bizarre qu'ils ont fait sur elle, je comprends pourquoi on veut savoir plus de choses sur son passé. Enfin bref. Comment est-ce que j'étais censé résister à son regard suppliant (et totalement magnifique au passage) ?

« Comment j’étais, suis-je différent maintenant ? »

Il faut dire que physiquement, tu n'avais pas vraiment tant changé que ça en réalité, OK je n'ai rien dit, oubliez. Maintenant j'étais vraiment partagé. Je ne savais pas si je devais tout lui dire d'un coup ou plutôt, faire durer pour voir s'il pouvait retomber amoureux de moi, même amnésique. Après tout, je ne savais pas si on allait un jour arriver à récupérer la carte mémoire d'Haiko. Beaucoup de rebelles n'étaient jamais revenus du château où ils gardent tous leurs trucs louches... Ainsi que tous les cobayes. Je me demandais d'ailleurs si mon message était toujours marqué sur le mur... Et est-ce que notre journal était toujours dans le même creux de mur... J'aimerais bien lire la partie de Tanaranth, même si j'avais promis de ne pas la lire. Mais j'étais suis sûr qu'elle avait écrit des choses à propos de son passé.. Enfin bref, je n'avais pas vraiment envie de reparler de ça, j'avais comme l'impression que la douleur de mon dos s'intensifiait en y repensant. Mais qu'est-ce qu'il m'avait fait dans le dos exactement ?! En fait, je ne voulais pas le savoir. Ça pourrait sûrement me traumatiser jusqu'à la fin de ma vie. J'étais un homme assez torturé comme ça, il ne valait mieux pas en rajouter une couche. Oh tiens, le jeu de mots que je viens de faire sans m'en rendre compte... Enfin bref. Je tirai Haiko par le haut de sa veste et le fit s'asseoir sur mes genoux. Je le serrai dans mes bras et reposa ma tête sur son dos. S'il savait tout ce que j'avais enduré loin de lui. Je soupirai. Il fallait que je trouve quelque chose à lui répondre au plus vite.

« Tu n'as pas... Du tout changé... En.. En tout cas. »

Je ne pouvais rien lui répondre d'autre. Enfin, je ne savais pas ce que je pouvais lui dire d'autre dans mon état actuel... J'étais tellement fatigué que je n'aurais pas pu lui raconter un roman entier sur sa vie. Je serrai fermement Haiko dans mes bras, tout en sachant qu'il pouvait me latter si l'envie lui prenait. Mais Haiko ne pouvait pas me blesser volontairement. Je le savais... Ou alors, il avait vraiment changé.

« Tu n'as pas... Du tout changé... En.. En tout cas. »
Haiko se figea. Cette réponse était juste… insuffisante. C’était comme agiter un morceau de viande sous le nez de quelque affamé depuis des jours sans jamais le lui donner. Il n’avait pas changé ? Qu’est-ce que c’était sensé vouloir dire ? Il n’avait jamais eu d’ami, n’avait jamais éprouvé quelque chose, avait toujours été seul ? Il avait du mal à y croire, il voulait que son passé soit heureux et que son avenir le devienne.
En colère, il se redressa brusquement et s’écria : « Je n’ai pas changé, tu dis ? Comment ça, c’est tout ce que tu as à me dire ?!! » Il était affreusement déçu. Si Yuu était le seul à se souvenir de lui et qu’il refusait de lui raconter quoique ce soit, rien de plus que ‘tu n’as pas changé’, il n’arriverait jamais à retrouver son passé. Serrant les poings, il faisait les cent pas dans la salle tout en continuant à débiter un flot de paroles colériques.
Après quelques minutes, il s’arrêta et se calma. Au moins il était certain que Yuu le connaissait, avant. Haiko lui jeta un regard en biais. Quels mystères cachait-il à son sujet ? Les lui dirait-il un jour ? Avec réticence, il retourna s’assoire à côté de lui. Les jambes croisées, il fixait le mur d’en face sans daigner tourner la tête vers le rebelle. D’une voix dure et sans émotion il ordonna : « Dis-moi simplement une chose, seulement une. Suis-je entré volontairement dans les forces de l’ordre ? »
Cette question, elle lui avait torturé l’esprit pendant de nombreux mois. Sa réponse, il la connaissait mais la repoussait à chaque fois qu’il y pensait. Après tout, s’il avait été volontaire dans les forces de l’ordre, il n’y aurait pas eu de raison pour lui effacer sa mémoire… n’est-ce pas ? Mais maintenant, il était décider à s’y confronter. Et il voulait que ce soit quelqu’un d’autre que lui-même qui lui mette la vérité en face, et cette personne c’était Yuu. Il tourna enfin la tête vers lui et masqua son anxiété derrière un voile d’indifférence. « Alors ? On m’y a traîné de force, pas vrai ? »